… moment de flottement chez l’ingénieur Pierre !

…. quand l’écriture, à 7 jours d’intervalle,  trahit les émotions et l’embarras

Je soumets à votre réflexion deux copies de courriers de l’ingénieur Pierre. Ils sont datés du 7 janvier 1914 pour l’un et du 14 pour l’autre, très peu de temps après la disparition inexpliquée de Cadiou (30 décembre). Le premier s’adresse à un ami connu lors de leurs études à Lyon, avec qui Pierre correspond régulièrement. Le deuxième est de nature professionnelle. Depuis quelque temps, Pierre est en pourparlers avec Rocher et Legrand pour intégrer la future usine de blanchiment de Daoulas. Il est dans une position délicate car son contrat en cours à la Grand Palud le contraint à ne pas postuler pour un poste dans une usine similaire, or il a donné son accord à Rocher pour un nouveau contrat à l’usine de Daoulas devant prendre effet au 1er mars, contrat qui lui a été présenté le 10 janvier et qu’il a signé…. et dénoncé dès le surlendemain (document ci-après –  Il s’agit bien du courrier adressé à Rocher, que ce dernier a confié aux enquêteurs, non d’un brouillon !!)

Au procès de 1919, la “qualité” du courrier de l’annulation du contrat n’a pas été évoquée. Dans sa déposition lors de l’enquête, Rocher précise qu’il n’a jamais revu Pierre après la réunion chez Legrand lors de la signature du contrat. Dans les deux affaires, Cadiou et Seznec, Julien Legrand a le privilège d’être le dernier à avoir eu chez lui, à 10 ans d’écart, la visite de Pierre et Seznec avant qu’ils soient suspectés. 
(source documents : AD29)

 

 

Comments

  1. ASD says:

    Épouvanté l’ingénieur. Qui laisse ses ratures pour qu’il soit possible de ” lire entre les lignes” .
    Legrand et Rocher associés.
    Legrand et Cadiou concurrents.
    Bon! On attend la suite.

    • seznek says:

      Je ne suis pas graphologue, on peut interpréter ce courrier bâclé comme celui d’une personne perdue, quoiqu’elle fasse cela peut jouer contre elle et elle s’en rend compte, mais bien tardivement. Un spécialiste y aurait peut-être déceler une sorte d’aveu. La période de guerre permettra à Pierre de “souffler” et au procès d’octobre 1919, l’acquittement ne sera pas vraiment une surprise.
      La suite ? … suffit d’être patient !

  2. ASD says:

    L’écriture de la lettre de dénonciation de contrat est évidemment celle d’un jeune homme extrêmement perturbé.
    Louis Pierre a dénoncé son employeur entraînant la perte d’un marché public et une probable faillite.
    L’orage gronde au-dessus de sa tête.
    Il pressent peut-être un suicide de Louis Cadiou. Ou qu’il ait été liquidé par la concurrence. Il ne veut pas être mêlé à ça. Coupable de dénonciation peut-être. Mais c’était dans l’intérêt public. Coupable directement de meurtre, ça m’étonnerait.

    • seznek says:

      Ici comme dans l’affaire Seznec, la culpabilité restera sans doute sans réponse. Cependant, il n’est pas interdit de se placer dans l’hypothèse où l’un comme l’autre (Pierre et Seznec) sont pour quelque chose dans la disparition de Cadiou et Quéméner et de tenter de comprendre pourquoi. De la sorte on peut s’affranchir du dossier d’instruction et s’intéresser essentiellement à ce qu’il ne contient pas (par facilité ou par instructions, peut-être les deux).

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