[Après une hibernation prolongée, je tente une timide sortie sans dérogation m’autorisant moi-même en personne à intervenir sur le sujet Seznec/Quéméner. Est-ce le signe d’une reprise de rédaction d’articles sur ce blog ? Marteze…]
Venons-en au sujet du jour : Charles Huzo. En savoir davantage sur le personnage ne fera pas avancer notre connaissance de l’Affaire, mais cela permettra peut-être d’évacuer en ce qui le concerne tout soupçon d’implication directe ou indirecte dans la disparition de Pierre Quéméner. Cette histoire presque centenaire a de beaux jours devant elle. Elle se nourrit sans cesse d’éléments faisant appel à l’imagination fertile de chercheurs auto-proclamés peu enclins à la recherche méthodique, lente et laborieuse, souvent infructueuse, qui s’en tient aux faits et au croisement des sources. On est renseigné sur Privat, Hervé, Bal… mais pas grand chose à se mettre sous la dent pour l’ami Huzo.
L’ami Huzo naît en 1886, le 16 janvier, à Mazagran (département d’Oran, Algérie), mais pour l’état-civil, il est noté Geier, du nom de son père (Charles également). Originaire de Climbach (né le 1er octobre 1834), dans le Haut-Rhin, son père, militaire de carrière, est en poste à Oran lorsqu’il fait la connaissance de Marie Madeleine Scolana. Il l’épouse le 7 fevrier 1885, non sans avoir en main l’autorisation officielle du conseil de famille car la jeune fille est orpheline et encore mineure. Rien de bien étonnant à la chose sinon que l’ami Charles accuse pour sa part les cinquante printemps. Un an plus tard, Charles (futur Huzo) vient agrandir le cercle familial (une soeur l’avait devancé en 1883, trois frères et deux autres soeurs venant compléter la famille). En juillet 1900, sa mère décède (Charles a 14 ans) suivie six mois plus tard par son père. Nous n’avons pas de renseignements sur sa scolarité, mais tout laisse à supposer d’un environnement favorable au vu de ses connaissances littéraires. Lors du recrutement militaire (classe 1906), il est exempté pour raison médicale (raccourcissement de la jambe droite). Il en profite sans doute pour digérer l’oeuvre de Victor Hugo, son auteur préféré. En 1912, il fait paraître chez Grasset son premier roman, “Les Criminels”, il réside alors sur Paris. Plus tard, il commet un autre ouvrage, Yolande, roman de moeurs, diversement apprécié par la critique.
Lors du recrutement militaire de sa classe en 1906, son handicap physique l’avait classé comme exempté, mais en août 1914 il se présente à la mairie du XVIIe comme engagé volontaire pour la durée de la guerre. Selon les affectations, tantôt classé au service auxiliaire, tantôt sur le front, il est blessé par balles lors d’un assaut. Cela lui vaut les honneurs militaires, médaille interalliée et croix de guerre. Par contre, il semblerait qu’il ait bénéficié en 1932 d’une Légion d’honneur octroyée par décret, mais sitôt annulée ?
Son registre matricule fournit des détails sur sa période 1914/18, mais le retrouver est un jeu de piste… non seulement Huzo est inconnu au bataillon, mais Charles Geier également… on y arrive en pointant le camarade Charles à Peier (élémentaire, cher Watson !).
Le 24 décembre 1921, il épouse (Paris Ve) une dénommée Célestine Godefroy originaire des Bouches-du-Rhône de qui il a eu au moins trois enfants :
– Gabriel Charles Alphonse né 14 novembre 1926 à Paris 75014
– Stéphane Henry Michel né 15 juillet 1929 à Paris 75015
– Huguette Madeleine Thérèse née le 8 juillet 1931 à Paris 75015.
Il réside entre 1926 et 1931 au 65 rue Vasco-de-Gama, Paris XVe, on le retrouve ensuite 6, rue Larrey – Paris Ve. Il fait des piges dans la presse, notamment dans l’Express de l’Est (c’était aussi le cas pour Petitcolas, mais bien plus tôt), puis il intervient dans l’Ere Nouvelle où sur plusieurs colonnes il entretient une vision très personnelle et originale de la disparition de Pierre Quéméner, il devra s’en expliquer devant la justice… je renvoie le lecteur à tout ce qui a été écrit sur le sujet. Il rédige des éditos dans plusieurs journaux, sur divers sujets, il se fait remarquer dans des réunions parisiennes en clamant du Victor Hugo jusqu’à l’endormissement de son auditoire.
Peut-être nostalgique de sa terre d’origine, par décision du 21 février 1935, il obtient un poste réservé comme “commis de 5ème classe de la Trésorerie d’Algérie à compter du 1er mars 1935“. Dès lors, Charles Huzo n’alimentera plus la chronique de la disparition de Pierre Quéméner… d’autres s’en chargeront.