Le 9 décembre 2013, en marge d’une conférence à Etel, Denis Seznec s’exprimait dans la presse : « Moralement, c’est déjà gagné, mais c’est sûr, mon grand-père sera réhabilité », affirme-t-il aujourd’hui avec une assurance confortée par l’annonce récente d’une proposition de loi visant la révision des condamnations pénales, qui bénéficie du soutien du Garde des sceaux, et qui sera présentée à l’assemblée nationale, le 27 février 2014 (Le Télégramme).
Depuis, le texte de projet de loi a été présenté devant les parlementaires (une maigre poignée de députés) et doit être prochainement débattu (Assemblée Nationale, puis Sénat), avant de retourner vers l’Assemblée pour son adoption finale.
On est donc dans une situation très favorable pour une possible demande de révision pour ce qui est du cas particulier de Guillaume Seznec. Avec de fortes chances d’aboutir si on s’en tient aux dires de son petit-fils.
En conséquence, la défense de Guillaume Seznec, l’association France-Justice devraient être sur le pont pour préparer au mieux cette nième demande. Or, que constate t-on ?… silence radio, par la moindre communication sur le sujet. Denis Seznec, Jean-Marie Digout… bien bavards sur la question il y a encore peu de temps, se font bien discrets.
Alors, on s’interroge ? Ces personnes, si sûres d’elles quant à l’innocence de Guillaume Seznec, bien renseignées sur le trafic des cadillacs, la participation de l’inspecteur Bonny à une machination policière, l’intervention de de Gaulle pour la libération du déporté Seznec… pourquoi diantre ne sont-elles pas en ce moment au four et au moulin ? On-elles opté pour la discrétion, voire le secret, changeant ainsi radicalement de stratégie en négligeant cette fois le poids de l’opinion publique ? Nous sommes quelques-uns, passionnés pour cette affaire, atteints de perplexité aiguë. Et si la raison de cette discrétion inhabituelle ne cachait pas un embarras inavouable ?
En réalité, Denis Seznec et ses défenseurs ont peut-être frôlé le sommet de l’Everest en 2006, mais il est à craindre qu’aujourd’hui, gravir le Menez-Hom soit devenu une épreuve insurmontable. Pourquoi donc ? Pour une raison très simple : le battage médiatique de 2005-2006 a eu pour conséquence d’intéresser sur le sujet nombre de personnes, certaines ont insisté et la consultation de nouvelles archives associée à cet outil « magique » qu’est internet a ouvert des horizons – la curiosité finissant par payer.
On ne peut répéter inlassablement les mêmes idioties sans un jour devoir prouver. Pour exemple, on attend toujours le premier document donnant un peu de crédit au fameux trafic de cadillacs.
Denis Seznec et ses soutiens ont de bonnes raisons d’être soucieux. Le dossier de Guillaume Seznec s’est épaissi, compliquant et hypothéquant cette ultime demande de révision et bloquant les sherpas de Plomodiern au camp de base N°1, établi à l’ombre de la chapelle Sainte-Marie, au pied du Menez-Hom.
La famille et la défense de Guillaume Seznec se sont montrées intransigeantes sur l’innocence du condamné. L’avenir prouvera sans doute qu’il s’agissait d’une voie sans issue. Envisager une responsabilité partagée, comme le préconisait Denis Langlois, aurait permis d’élargir le débat, l’entêtement dans la voie « ni assassin, ni faussaire » a conduit à la situation actuelle, c’est-à-dire au fond de l’impasse.
Toute demande de révision conduirait inévitablement à la communication “non contrôlée” de nouveaux éléments probants peu favorables à Guillaume Seznec, cela remettant en cause l’ensemble du dossier, il est quand même un temps où l’histoire doit prendre le pas sur le roman.