Occupation, collaboration, épuration…
la prononciation de ces trois mots continue à susciter bien des discussions, à raviver des plaies. Dans l’affaire qui nous concerne, on a deux acteurs de cette période. Le premier, Pierre Bonny, qu’on ne présente plus – son activité, rue Lauriston, avec son comparse Laffont, est connue de tous. Le second, François Le Her, de toute autre envergure, fait son petit commerce du côté de Ploudal.
En 1948, les choses s’emballent, Maître Raymond Hubert s’emploie à constituer un dossier de demande de révision, des témoignages lui parviennent. Au hameau de Kergleuchac’h, en octobre, François Le Her passe à la trappe et son épouse Jeanne Seznec connaît temporairement la prison avant de s’expliquer en cour d’Assises.
A sa sortie de la prison de Landerneau, Jeanne Seznec s’exprime dans Le Télégramme sur une possible relation entre Bonny et Le Her :
“C’était sous l’occupation. Un jour, débarquant d’une splendide voiture de maître, conduite par un chauffeur, arriva à Plourin, un monsieur assez jeune, élégant, portant une petite moustache noire. Mon mari l’accompagnait, revenant de Paris avec ce monsieur. Cet homme est resté quelques minutes dans la chambre avec mon mari et il est reparti. A plusieurs reprises, et une réfugiée de Brest, Mme Chapalain, pourra le confirmer, cet homme élégant est revenu à Plourin, toujours dans sa grosse voiture de maître. Jamais je n’ai su son nom, étant donné qu’à chacune de ses visites, il se bornait à faire les cent pas sur la route avec mon mari, qui, à aucun moment, ne me révéla l’identité de son ami qui, étant donné son allure et sa luxueuse voiture devait certainement avoir de belles relations avec les occupants. Avant que Jeanne Le Her nous ait donné sa conclusion, nous avons deviné sa pensée : l’homme élégant, celui qui portait une plume de perdrix au ruban de son chapeau mou, l’homme à la petite moustache, brune, l’ami, le confident de Le Her, c’était certainement Bony ! Le fameux Bony ! On pourra sans doute l’établir avec certitude. Ce jour-là la révision du procès de Guillaume Seznec aura fait un pas de géant vers la vérité. (Jean Klein).”
Cette déclaration de Jeanne Seznec à la presse ne sera pas renouvelée devant les enquêteurs. Elle affirmera, en 1956, n’avoir jamais croisé Bonny. On notera aussi le revirement de circonstance du Télégramme, successeur de La Dépêche. Suite aux déclarations diverses des uns et des autres, les enquêteurs auditionnent – notamment les prisonniers de Saint-Pabu. il n’en sort rien de concret se rapportant à l’affaire Seznec, d’ailleurs aucun document en ce sens n’est produit dans la demande de révision.
En 1956, le duo Bal/Jeanne Seznec remet sur le tapis une implication de François le Her dans la disparition de Guillaume Seznec – cela donnant lieu à quelques frictions chez le duo en question ainsi que dans la famille Seznec. Il est notamment avancé que Le Her se serait confié sur le sujet lors de sa détention à Saint-Pabu. Donc, rebelote, ses camarades de cellule sont de nouveau appelés à déposer.
Qu’apprend-on de nouveau ? A vrai dire pas grand chose…. la confirmation de la personnalité de François Le Her, la délation, les dénonciations calomnieuses, le zèle des résistants de la 25e heure trop heureux de se refaire une virginité à pas cher. Un mic-mac que des enquêteurs américains essaient de démêler. Bien malin celui qui, aujourd’hui, peut dresser sur la question, un tableau précis et incontestable.
Ci-dessous, deux extraits de p.v. de 1956 concernant deux prisonniers de Saint-Pabu (volontairement je n’indique pas les noms)
Je ne reviendrai sans doute pas sur le sujet. Il ne fait pas avancer la compréhension de l’affaire Seznec. A mon sens, il serait plus utile que les moralisateurs de 2015 s’ingénient à débusquer d’autres curiosités. Ainsi, ils pourraient nous dire un jour pourquoi Jeanne Seznec, pour sa défense, a choisi Maître de L’Hôpital fils pour seconder Maître Raymond Hubert. A première vue, cela ne va pas de soi et désarçonne le simple quidam qui regarde au-delà de Saint Pabu. Si à Landerneau, il y avait deux personnes qui se connaissaient, c’était bien Quéméner et de L’Hôpital père (tous deux conseillers généraux du Finistère à la même période et le second, successeur de Legrand comme maire de Landerneau), donc à première vue il y a là une curiosité qui mérite d’être creusée… avis aux “spécialistes du camp de Saint-Pabu”…
Y’avait pas de lumière, mais j’ai quand même trouvé l’entrée…
Rapport que Bernez Rouz il en cause du camp de Saint-Pabu en pages 163/164…
L’aurait un passe-droit, lui ?
??? … je vous invite à lui poser directement la question…
ou trouver ces documents?
si votre question concerne les pv ci-dessus représentés, ils sont consultables aux Archives Nationales (site de Pierrefitte)